Les référendums sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie

Oui ou non à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie

Désinformation sur les référendums d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie : rétablir les faits

Depuis plusieurs années, la question de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie est au cœur de débats passionnés et souvent marqués par la désinformation. Contrairement à ce que certains discours laissent entendre, il n’y a pas eu seulement trois référendums d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie. En réalité, quatre scrutins majeurs ont été organisés : 1987, 2018, 2020 et 2021. Chacun s’inscrit dans un contexte politique bien précis qu’il est essentiel de rappeler pour comprendre les enjeux actuels.

1. Le référendum de 1987 : un tournant ignoré

Organisé par le gouvernement français le 13 septembre 1987, ce premier référendum visait à déterminer si la population de Nouvelle-Calédonie souhaitait rester au sein de la République française. 

Résultat :

  • Participation : environ 60%

  • Victoire massive du « non à l’indépendance » à plus de 98%

À noter qu’au cours des années 1980, plusieurs territoires de la région ont accédé à l’indépendance : les îles Salomon (1978), Vanuatu (1980), et Papouasie-Nouvelle-Guinée (1975)

La question posée était :

« Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à l’indépendance ou demeure au sein de la République française ?

  1. Je veux que la Nouvelle-Calédonie accède à l’indépendance.
  2. Je veux que la Nouvelle-Calédonie demeure au sein de la République française. »

Le gel du corps électoral en 2007 : une entorse majeure à la démocratie

Dans l’Accord de Nouméa, signé en 1998 par toutes les parties, le corps électoral était prévu comme « glissant », c’est-à-dire qu’il devait évoluer naturellement au fil du temps, en intégrant progressivement les nouveaux arrivants établis durablement en Nouvelle-Calédonie depuis au minimum 10 ans.

En 2007, une décision politique majeure est venue bouleverser le principe d’égalité républicaine en Nouvelle-Calédonie : le gel du corps électoral pour les référendums d’autodétermination. Concrètement, seules les personnes résidant durablement sur le territoire — avant au moins 1998 — peuvent voter lors de ces scrutins cruciaux. Cette mesure, adoptée sous pression des indépendantistes dans le cadre de l’interprétation de l’Accord de Nouméa, a été présentée comme une « reconnaissance des populations historiques ».

Mais pour beaucoup, ce gel constitue une trahison de l’esprit même de l’Accord de Nouméa, qui visait à construire une citoyenneté partagée, fondée sur l’inclusion, pas sur l’exclusion. En privant de vote des milliers de citoyens français pourtant installés en Nouvelle-Calédonie depuis plus de 15 ou 20 ans, on a volontairement restreint le champ démocratique pour favoriser un rapport de force favorable aux thèses indépendantistes. Certains natifs de la Nouvelle-Calédonie nés après 1998 sont aussi exclus.

Ce gel du corps électoral est d’autant plus contesté qu’il est contraire au droit commun républicain, où le droit de vote ne dépend jamais de la durée de résidence. En métropole comme dans les autres territoires d’outre-mer, tout citoyen français majeur dispose du droit de vote, quelle que soit son origine ou son histoire migratoire. En Nouvelle-Calédonie, des milliers de citoyens sont écartés du débat démocratique simplement pour ne pas être là depuis « assez longtemps ».

Cette exception néo-calédonienne a été entérinée par une révision constitutionnelle, preuve que l’État a fait d’importantes concessions au profit du camp indépendantiste. Une situation que de nombreux Calédoniens ressentent encore aujourd’hui comme une injustice profonde, voire une forme de discrimination institutionnalisée.

Meeting exclu du droit de vote Calédonie

La réalité démographique : un peuple, plusieurs cultures

Contrairement à certaines représentations simplistes, la société calédonienne n’est pas divisée entre “Blancs” et “Noirs”. Elle est profondément multiculturelle. Selon le recensement de 2019, la structure de la population est la suivante :

  • Kanaks : 41,2%

  • Européens (principalement Caldoches et Métropolitains) : 24,1%

  • Wallisiens et Futuniens : 8,3%

  • Autres communautés (Indonésiens, Vietnamiens, Tahitiens, etc.) : 26,4%

Même selon les chiffres avancés par le FLNKS, les Kanaks représenteraient 63% du corps électoral restreint, utilisé pour les référendums. Si une majorité claire de Kanaks avait véritablement voulu l’indépendance, celle-ci aurait déjà été acquise.

2. Le référendum de 2018 : une participation record

Dans le cadre de l’Accord de Nouméa signé en 1998, jusqu’à 3 référendums étaient prévus. 

Une seule victoire du oui à l’indépendance suffirait à acter l’indépendance de la Calédonie. En revanche, en cas de victoire du non, il était possible d’organiser, sur demande, un nouveau référendum.

Le premier a eu lieu le 4 novembre 2018

Résultat :

  • Participation : 81%

  • Non à l’indépendance : 56,7%

  • Oui : 43,3%

Ce résultat a surpris de nombreux observateurs, notamment en raison du score élevé du camp indépendantiste, mais il a aussi montré une société très mobilisée et impliquée dans son avenir.

3. Le référendum de 2020 : un scrutin contesté

Le deuxième référendum de l’Accord de Nouméa s’est tenu le 4 octobre 2020. Le climat était tendu, et plusieurs observateurs ont signalé des pressions importantes exercées par des militants indépendantistes devant les bureaux de vote, parfois assimilables à des tentatives d’intimidation.

Résultat :

  • Participation : 85,6%

  • Non à l’indépendance : 53,3%

  • Oui : 46,7%

Malgré une progression du vote indépendantiste, ce référendum a été marqué par des contestations sur le déroulement même du vote, notamment dans certaines zones sensibles.

4. Le référendum de 2021 : un boycott stratégique

Le troisième et dernier référendum prévu par l’Accord de Nouméa s’est tenu le 12 décembre 2021. Ce scrutin a une histoire particulièrement controversée. Ce sont les indépendantistes eux-mêmes qui avaient initialement demandé qu’il soit organisé en 2021, conformément au calendrier. Mais après la crise du Covid-19, ils ont réclamé son report, invoquant un deuil coutumier kanak d’un an.

Cependant, cette demande de report a été perçue par beaucoup comme un prétexte stratégique : les sondages internes auraient montré que le camp indépendantiste allait perdre avec un écart plus net que les deux précédents scrutins. Si les indépendantistes affirmaient ne pas pouvoir faire campagne, ils ont tout de même organisé activement une campagne de boycott, ce qui a conduit à une chute de la participation (43,9%) et à un résultat écrasant en faveur du non. De la même manière que lors du référendum de 2020, une campagne d’intimidation devant les bureaux de vote était organisée par les indépendantistes.

Résultat :

  • Participation : 43.9%
  • Non à l’indépendance : 96,5%

  • Oui : 3,5%

Quelques mois plus tard, les mêmes partis indépendantistes ont participé aux élections législatives de 2022, confirmant que leur boycott n’était pas motivé par une incapacité à faire campagne, mais bien par une volonté de délégitimer un scrutin dont l’issue leur semblait défavorable.

boycot stratégique du 3 eme référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie 2021

Conclusion : et maintenant ? Une sortie de l’Accord de Nouméa bloquée par le refus du dialogue

L’Accord de Nouméa prévoyait clairement qu’à l’issue des trois référendums, toutes les parties se réuniraient pour construire un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie, en fonction de la volonté démocratiquement exprimée par la population.

Mais depuis l’échec des indépendantistes aux trois consultations successives, ces derniers ont choisi la politique de la chaise vide. Ils boycottent les discussions, refusent de s’asseoir à la table des négociations, et bloquent toute perspective de sortie consensuelle de l’accord. Cette attitude, largement dénoncée par les autres forces politiques calédoniennes, empêche aujourd’hui la définition d’un avenir institutionnel stable.

Comme le disaient eux-mêmes les indépendantistes dans les années 1980 :

« La démocratie, oui… mais seulement si on gagne. »

Aujourd’hui, c’est cette logique antidémocratique qui paralyse l’avenir du territoire, au détriment de l’ensemble des Calédoniens, qui aspirent à vivre dans une société apaisée, respectueuse du vote populaire et tournée vers un développement commun.