Marine Le Pen en Nouvelle-Calédonie : un déplacement qui tourne au fiasco
Du 27 mai au 1er juin 2025, Marine Le Pen a effectué une visite officielle en Nouvelle-Calédonie, prétendant « apporter une solution politique durable » à la crise institutionnelle qui secoue l’archipel depuis plusieurs semaines. Venue sans concertation préalable, elle s’est imposée avec ses propositions, sans écouter les acteurs locaux. « On a l’impression qu’elle débarque avec ses gros sabots et qu’elle nous explique notre propre histoire », s’est indigné un élu loyaliste à Nouméa.
Une proposition controversée : un référendum dans 40 ans
Marine Le Pen a proposé une « pause de 30 à 40 ans » avant la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance, afin de « relancer l’économie et apaiser les esprits ». Une annonce formulée à Koné devant une audience mitigée, et qui a choqué jusque dans les rangs de ses propres partisans. « Il faut arrêter de mettre de l’huile sur le feu, mais reporter le feu à plus tard n’est pas une solution », a réagi un représentant des milieux économiques.
Un revirement inédit du Rassemblement National
Ce positionnement est un retournement de veste spectaculaire : le RN s’est toujours opposé au processus référendaire engagé avec l’accord de Nouméa. Or, Marine Le Pen propose aujourd’hui… un nouveau référendum. En 2021, elle déclarait encore : « Les référendums successifs fragilisent la souveraineté française ». En 2025, elle défend exactement le contraire. Ce revirement brouille totalement la ligne du parti sur l’unité nationale.
Une trahison pour les Calédoniens et son électorat
La Nouvelle-Calédonie est historiquement un bastion électoral du Rassemblement National. En 2022, plus de 57 % des voix sont allées à Marine Le Pen au second tour. Elle y était vue comme la garante de la France et de la fermeté face aux violences. En proposant un nouveau référendum sous la menace des émeutiers, elle donne le sentiment de céder à la violence. « Elle se couche devant les casseurs, et elle ose dire qu’elle nous protège », lance un habitant du Mont-Dore. Beaucoup y voient une trahison des trois référendums de 2018, 2020 et 2021, tous remportés par le camp loyaliste.
Le copier-coller de l’accord de Nouméa
En substance, la proposition de Le Pen est un copier-coller de l’accord de Nouméa : une période de transition, puis un référendum. Or cet accord, loin de résoudre les tensions, nous a menés à la crise actuelle. Pourquoi répéter une stratégie qui a échoué ? « Dans 40 ans, on aura une nouvelle guerre civile si on fait les mêmes erreurs », a averti Sonia Backès, figure du camp loyaliste.
Un coût électoral lourd
François-Xavier Bellamy, en déplacement simultané sur le territoire, a réaffirmé son attachement à une Calédonie pleinement française : « On ne bâtit pas la paix sur un chantage à la violence. » Un véritable camouflet pour Marine Le Pen, accusée d’avoir sacrifié ses convictions sur l’autel du consensus mou. Cette passe d’armes pourrait lui coûter cher : plusieurs responsables loyalistes annoncent déjà qu’ils ne soutiendront plus le RN. Le désaveu est palpable.
Une vendetta contre Sonia Backès ?
Le comportement de Marine Le Pen à l’égard de Sonia Backès alimente les soupçons d’un règlement de comptes personnel. Elle l’a attaquée à plusieurs reprises dans les médias et sur place, l’accusant de « gestion clanique ». « Marine Le Pen semble plus intéressée par abattre Backès que par défendre la Calédonie française », a déclaré un élu du Congrès, sous couvert d’anonymat.
Une méconnaissance flagrante des réalités calédoniennes
Marine Le Pen a affirmé que « l’accord de Nouméa mène forcément à l’indépendance, même si on vote non ». Cette lecture est non seulement fausse, mais dangereuse. L’accord prévoit qu’en cas de triple non, les partis doivent s’asseoir à la table des négociations pour un nouvel avenir commun. « Madame Le Pen déforme les textes. C’est grave pour quelqu’un qui prétend à la présidence », a réagi un juriste calédonien.
Des conséquences nationales
Les joutes verbales entre Marine Le Pen et les habitants ont été abondamment relayées par les chaînes nationales. « Vous êtes en train de nous donner des leçons comme si vous connaissiez la Nouvelle-Calédonie ! », s’est emporté un citoyen filmé sur BFMTV. Ces séquences pourraient bien peser lourd dans la campagne des européennes
Un rejet massif dans l’opinion
Un sondage réalisé auprès de nos abonnés montre que 78 % jugent la visite de Marine Le Pen « négative ou très négative ». Nombreux sont ceux qui parlent de « fiasco », voire de « trahison ». Sur les réseaux sociaux, plusieurs figures indépendantistes ont publiquement salué sa proposition. L’un d’eux écrivait : « Enfin une voix qui nous comprend. »
Un positionnement inattendu et dangereux
Ce soutien inattendu des indépendantistes à Marine Le Pen révèle le fond du problème : sa proposition est perçue comme favorable aux revendications indépendantistes, en particulier les plus violentes. Elle abandonne ainsi les valeurs de sécurité, d’unité et d’ordre que son parti a toujours revendiquées. Ce renversement stratégique pourrait avoir un coût politique majeur à court et à long terme.
Conclusion
Marine Le Pen est venue avec l’ambition de trancher le nœud calédonien. Elle repart affaiblie, critiquée de toutes parts, et soupçonnée d’avoir renié ses principes pour s’acheter la paix. Mais en cédant à la violence, elle risque d’avoir nourri la prochaine crise.